L’ébourgeonnage ou l’art de prioriser
Les stratégies de gestion des priorités en entreprise sont aussi nombreuses que le nombre d’entreprise. En effet même si il existe des bonnes pratiques, il faut avouer qu’à la fin tout le monde en fait un peu à sa tête avec plus ou moins de réussite.
Quel rapport avec les bourgeons ?
L’ébourgeonnage est une opération sur les vignes qui consiste à retirer certaines pousses indésirables. Cette méthode permet, en partie, de réguler les rendements. (inspiré de Wikipédia)
En effet cette sélection va permettre de canaliser l’énergie de la vigne dans des bourgeons choisis plutôt que de se disperser dans tous les bourgeons disponibles. L’idéal étant de trouver le bon équilibre entre le nombre de grappes à venir et la qualité des raisins sur celles-ci.
En entreprise, vous faites probablement la même chose. Vous passez dans chaque département, vous évaluez chaque projet et vous priorisez de manière à ne garder que les projets qui amènent le plus de valeur en fonction des ressources disponibles.
(Les estimations de cout et de valeur, les dépendances et la politique peuvent, entre autres, rendre cet exercice bien plus compliqué qu’il n’y parait. Mais ce n’est pas le point de cet article)
Sans doute avez vous l’impression de faire en entreprise aussi bien, voir mieux que nos amis vignerons.
Et pourtant …
Les vignerons vont un cran plus loin …
Comme vous l’avez compris le travail d’ébourgeonnage est un travail fastidieux. Au-delà de ce qui a déjà été soulevé plus haut, il se réalise manuellement accroupi dans les vignes. Le nez sur le pied de vigne, le vigneron ne va pas se contenter de choisir les bourgeons uniquement sur un nombre, fixé souvent préalablement par pied de vigne, ou sur leur vigueur apparente. Il va anticiper les opérations futures à réaliser sur la vigne, telles que l’entretien des grappes, le passage du camion, …
Et donc il va également retirer par exemple des bourgeons qui ne pousseraient dans la bonne direction et ce, malgré la qualité de ceux-ci.
Donc le vigneron se soucie de la qualité et du travail à réaliser à court terme mais également des impacts que celui-ci pourrait avoir sur les prochaines étapes du traitement de la vigne et de la production du vin.
Même si tout cela peut vous sembler assez logique et évident, il n’est pas rare en entreprise que ça soit l’inverse.
Prenons un exemple, en informatique, il arrive (souvent) que l’on se dépêche de coder une fonctionnalité pour avoir un bon rendement à court terme (une bonne vélocité pour utiliser le jargon) et que l’on ait pas le temps de coder les tests automatiques pourtant primordiaux pour la qualité à long terme.
Les exemples, où l’on privilégie le très court terme pour un bénéfice rapide et qui se transforment rapidement en perte à moyen terme, sont malheureusement très nombreux et pas uniquement en informatique.
Oui, mais comment ?
Evidemment, tout le monde voudrait éviter ce genre de situation. Malheureusement cela ne semble pas simple à mettre en place.
Si vous êtes confrontés totalement ou partiellement à ce genre de situation, voici quelques questions simples à vous poser :
- Qu’est ce que vous faites ? Le manque de clarté sur les objectifs et les activités de l’entreprise est le premier frein. Les objectifs avoués et non-dits sont souvent trop nombreux (ébourgeonnez !). Ils sont aussi trop souvent communiqué dans un language un peu trop commercial ( « nous réinventons l’industrie XXX pour un monde meilleur » )
- Qui fait quoi ? Si le point précédent a été simplifié, vous pouvez vous demander si chacun dans l’entreprise connait son rôle, si il sait ce qu’on attend de lui et surtout si il connait l’importance de sa tâche dans l’activité globale de l’entreprise.
- Qui décide ? Face aux bourgeons, c’est le vigneron qui décide, il peut demander conseil mais c’est lui qui décide. Il connait son métier, il sait ce qu’on attend de lui et il peut évaluer les risques de ses décisions sur les activités en aval. Bref en une phrase « c’est celui qui fait, qui sait ».
(Ces 3 points ont été volontairement non-numérotés car il s’agit d’un cycle, de questions à se poser régulièrement.)
Ces 3 questions assez simples peuvent amener à un travail conséquent qui croyez-le n’est pas superflu.
L’ébourgeonnage est, je vous le rappelle, un travail fastidieux mais ô combien important si l’on veut garantir des qualités de travail et de résultats.
Profitez bien de la saison estivale pour vous séparer de tout ce qui empêche votre travail d’être fluide et satisfaisant (comme dise les jeunes), même si parfois ce sont de bons bourgeons.
A la vôtre,