Episode 2 : Le manager coach
Alex avait passé une nuit agitée. La phrase de Max résonnait encore dans sa tête : "Les gens ne quittent pas leur travail. Ils quittent leurs managers." Était-il vraiment responsable du départ de Julie ? Avait-elle quitté l’équipe à cause de lui, et non à cause du "manque de perspectives" qu’elle avait évoqué ?
Le lendemain matin, Alex arriva dans la salle de formation avec un mélange de scepticisme et de malaise. Max était déjà là, un sourire confiant sur le visage. Il semblait avoir deviné les préoccupations de son audience.
"Aujourd’hui, nous allons parler de burn-out. Selon vous, qu’est-ce qui cause la majorité des burn-outs ?"
Quelques mains se levèrent timidement. "La charge de travail," dit un participant. "Le manque de ressources," ajouta un autre.
Max hocha la tête.
"Ces facteurs jouent un rôle, bien sûr. Mais selon les études, 80 % des burn-outs sont causés par autre chose : le management."
La salle devint soudain silencieuse. Max projeta un graphique sur l’écran montrant les principales causes de burn-out :
- Absence de reconnaissance.
- Objectifs flous ou irréalistes.
- Sentiment d’être micro-géré ou de ne pas avoir d’autonomie.
- Manque de soutien émotionnel ou d’écoute.
"Et voici le pire dans tout ça," poursuivit Max. "C’est rarement intentionnel. Les managers comme vous ne se lèvent pas le matin en se disant : 'Comment puis-je stresser mes équipes aujourd’hui ?'"
Quelques rires nerveux parcoururent la salle. Alex ne riait pas. Il pensait à tous ces moments où il avait pressé ses collaborateurs sans vraiment leur demander comment ils allaient. Était-ce là qu’il avait échoué ?
Atelier : Identifier les comportements nuisibles
Max distribua une feuille blanche à chaque participant. En haut de la page, il avait écrit :
"Quels comportements avez-vous qui pourraient contribuer au stress de votre équipe ?"
Alex hésita. Moi, contribuer au stress ? Impossible. Mais à mesure qu’il réfléchissait, des souvenirs affluaient :
- Cette fois où il avait imposé un délai irréaliste, en sachant pertinemment que c’était impossible.
- Ces réunions où il avait interrompu ses collaborateurs pour aller "plus vite".
- Les évaluations annuelles où il s’était concentré uniquement sur les points à améliorer.
Il griffonna ces exemples sur sa feuille. À côté, il écrivit en petits caractères :
"Manque de reconnaissance."
Max passa dans les rangs, jetant un coup d’œil discret aux feuilles. Lorsqu’il s’arrêta près d’Alex, il posa une question qui le prit au dépourvu.
"Alex, quel est, selon toi, le rôle d’un manager ?"
Alex réfléchit un moment avant de répondre.
"Eh bien… diriger. Donner des directives. Obtenir des résultats."
Max sourit.
"C’est une partie de ton rôle, oui. Mais si tu veux éviter les burn-outs dans ton équipe, il faut que tu apprennes à jouer un rôle différent : celui de coach."
Introduction à la position du coach
Max se dirigea vers le tableau et y dessina deux cercles. Dans le premier, il écrivit "Manager" et dans le second "Coach".
"Un manager donne des ordres, contrôle et évalue. Un coach écoute, questionne et soutient. À votre avis, lequel inspire confiance ?"
La réponse était évidente, mais Max continua :
"Être un coach ne signifie pas que vous abandonnez votre autorité. Cela signifie que vous utilisez votre position pour guider et non pour imposer. Imaginez que votre équipe est comme une équipe de sportifs : ils savent courir, nager ou sauter. Votre rôle n’est pas de leur montrer comment faire, mais de les aider à s’améliorer."
Il se tourna vers Alex.
"Alex, tu sembles réfléchi. Pourquoi crois-tu que certains managers peinent à adopter cette position ?"
Alex répondit instinctivement.
"Parce qu’ils pensent qu’ils perdent le contrôle ?"
Max acquiesça.
"Exact. Ils confondent contrôle et impact. En réalité, quand vous cessez de micro-gérer, vous gagnez du temps pour faire ce qui compte vraiment : soutenir votre équipe."
En résumé
Max conclut la session avec une phrase simple mais percutante :
"Si vous voulez éviter que vos collaborateurs se brûlent les ailes, soyez leur entraîneur, pas leur capitaine."
Alex, pour la première fois depuis longtemps, sentit qu’il avait une piste claire pour changer les choses. Peut-être qu’il pouvait devenir ce coach dont Max parlait.